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D-MAGAZINE

Hebdomadaire

Louis Adams 3

Publié le 28 Novembre 2019 par Diana ABDOU Rédactrice en chef Mode trans féminine in Littérature

Louis Adams Chapitre 3
 
« Y a quelqu'un ? »
 
Je sursaute et mes yeux se détachent de mon écran d'ordinateur. Je reconnais la voix de Lucie et je regarde l'heure, étonné qu'elle se pointe en milieu d'après-midi, comme ça, sans prévenir.
 
« Le bip du portail déconne, fais-moi changer ça, sérieux. C'est pas comme si t'avais pas les moyens, il ronchonne avant de se laisser tomber dans le canapé, à côté de moi. Elle est déjà là Marie ou quoi ?
– Sérieusement ? Vous vous donnez rendez-vous chez moi, maintenant ?
– Oh ça va, vous vivez pas loin. Côté gauche ou côté droit, c'est un peu la même chose. Puis elle m'a dit qu'elle voulait venir te voir et je lui ai proposé de passer la récupérer ici.
– La récupérer ici ? Marie. Elle vit dans l'autre aile du manoir, tu pouvais pas juste l'attendre chez elle ? »
 
Il lève les yeux au ciel avant de loucher sur l'écran de mon ordinateur.
 
« En fait elle est encore sous la douche et comme je sais qu'il y en a pour une heure minimum, j'suis passée voir mon vieux pote en attendant, il avoue.
– C'est trop gentil à toi, je réponds en roulant des yeux.
– J't'en prie. Comment ça va alors ? T'es rentré y a deux jours, nan ? Hey d'ailleurs. Sérieux faut faire un truc à tes gosses. Les attacher, les endormir, les mettre sous calmant, j'sais pas mais wow. Trouve un truc. Ça ne les réussit pas l'école. »
 
J'éclate de rire parce que je sais qu'elle préfèrerait ne pas avoir d'enfants à mi-temps, mais qu'elle n'a pas le choix s'il veut continuer à voir ma sœur.
 
« Nan mais tu sais ce que c'est que de les avoir pendant des semaines, non stop ?
– Louis... Ce sont mes enfants, je lui fais remarquer.
– Oui. Mais c'est ta sœur et moi qui passons le plus de temps avec eux, j'te ferais remarquer. Puis comment t'arrives à ne pas leur scotcher la bouche ? »
 
Quand il dit ça, ma mâchoire se décroche et je me réentends dire à Nola “t'as vraiment beaucoup d'imagination, ma fille” lorsqu'elle m'a rapporté que Lucie leur avait “attaché” la bouche.
 
« Bordel Lucie ! C'était vrai alors ? Tu leur as vraiment scotché la bouche ?!
– Bah ouais. Et enfermés dans le placard. Mais dans le cadre d'un cache-cache à Londonien. »
 
Je lui décroche un coup de poing dans l'épaule et elle se la frotte énergiquement en me regardant de travers. Malgré tout, j'ai envie de rire.
 
« Hey mais ça fait mal !, il grommèle.
– Ce ne sont pas des chiens, ce sont des enfants. T'es stupide ou quoi ? »
 
Il me jette un regard blasé, et j'hésite à changer de sujet car je déteste réaliser que Lucie peut prétendre connaître mes propres enfants mieux que moi, étant donné qu'elle est celui qui les gardait quand je n'étais pas là et que j'étais très souvent absent. Mais c'était avant les vacances d'été. Avant que je ne me prenne en main et que je décide d'être un meilleur père pour mes jumeaux.
 
« Écoute, Chris a mis sa vie à revenir des courses et moi... J'en pouvais plus. Alors on a fait un jeu. », il répond simplement, en se retenant certainement de me dire qu'il n'avait pas besoin de leçons de ma part pour savoir ce qu'il pouvait faire ou non. 
 
Je secoue la tête avant de fermer l'écran de mon PC. J'ai l'intention de lui proposer quelque chose à boire mais elle est plus rapide.
 
« T'étais sur Twitter ?, il dit. Je t'ai vu.
– Je regardais un truc vite fait, je réponds sur un ton neutre.
– T'es puni de Twitter. Tu le sais. T'as interdiction formelle d'y aller pour fouiller comme t'étais certainement en train de le faire.
– Je regardais juste les photos. C'est tout. Je ne veux pas que les petits se retrouvent partout sur internet. 
– Mouais... », il répond, pas super convaincu par mon argument.
 
Pour une fois que je suis vraiment en train de regarder les photos du jour et pas fouiller pour lire toutes les horreurs qu'on peut dire sur moi, je trouve son jugement injuste. Mais je l'accepte parce que je fais rarement ce que je dis que je fais. 
 
« Je vais quand même le dire à ta sœur. Demain.
– Pourquoi demain ?, je demande dans un soupir.
– Parce qu'aujourd'hui, j'ai l'intention de passer une bonne journée sans qu'elle ne regarde son portable toutes les trois minutes en se demandant si t'es pas en train de vider le bar du salon. »
 
Je me lève en soupirant et je ne réponds rien. Je suis incapable de déterminer si je suis vexé par la justesse de sa réflexion ou blessé qu'elle ose en parler devant moi, comme si c'était une blague.
 
« Quoi, c'est trop tôt pour l'évoquer ?, il demande avec désinvolture.
– J'ai failli perdre mes enfants, Lucie. On ne pourra jamais en rire.
– Ok, elle répond avec un air désolé. Mais ne va plus chercher toute la merde qu'on dit sur toi. Ça finit toujours mal. »
 
Je n'ai pas l'intention de répondre alors il va sûrement renchérir, mais on entend le Talkie Walkie grésiller. Amen. Lucie a toujours le don pour foutre les pieds dans le plat, c'est insupportable.
 
« Un, deux, un, deux. Est-ce que c'est l'heure du goûter ?, demande Nola.
– Putain mais ils sont là ?, s'étonne Lucie.
– Où tu veux qu'ils soient, espèce de débile ?, je lui demande en allant chercher le Talkie Walkie, et j'appuie sur le bouton pour pouvoir parler. C'est l'heure. En plus, y a tattie Lucie. »
 
Même pas un cri dans l'appareil, rien. Mais on entend un vacarme dingue à l'étage et Lucie me fusille du regard.
 
« Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu me trahis comme ça ? Tu ne m'aimes pas, c'est ça ? Tu me détestes ? », elle se plaint. 
 
J'éclate de rire et, dans la seconde, les jumeaux s'accrochent à Lucie comme des petits singes.
 
« Hey oh, c'est comme ça qu'on dit bonjour chez vous ? Bande de sauvages !
– Un tour de magie ! Un tour de magie !, piaille Thaïs comme si il ne l'avait pas vu depuis deux semaines.
– Oh mon Dieu mais t'en as une troisième !, s'exlame Lucie en apercevant Julie. À qui tu l'as volé celle-là ? C'est une fan qui t'as fait un gamin dans le dos ?
– Mais tais-toi !, je râle.
– C'est quoi un gamin dans le dos ?, demande Nola.
– Ton père t'expliquera ça plus tard, répond Lucie en balançant tour à tour mes enfants sur le canapé avant qu'ils ne lui ressautent dessus. Elle ne m'agresse pas celle-là ? C'est une enfant normale ? »
 
Je tourne la tête vers Thaïs qui est dans son coin, tout timide. il a enfilé un déguisement de Clochette et il se balance sur ses pieds, les jambes croisés.
 
« Ne va pas me la traumatiser, c'est clair ?, je dis à l'attention de Lucie avant de m'abaisser près de Marie-Rose. Est-ce que tu veux aller aux toilettes, ma petite nièce ? »
 
Quand elle hoche la tête, ses petits cheveux blonds lui tombent devant les yeux alors je les coincent derrière ses oreilles, et je me redresse.
 
« Rends-toi utile, je dis à Lucie. Sors-leur un goûter.
– Tu devrais me donner un salaire pour tout ça ! », il ronchonne.
 
Je tends une main vers Nola pour l'entraîner dans le couloir et la conduire jusqu'aux toilettes.
 
« Je t'attends ici, d'accord ?
– D'accord. », elle répond d'une petite voix.
 
Elle semble tellement fragile que j'en veux encore plus aux jumeaux de s'en être pris à moi par trois fois.
 
De là où je suis, je peux entendre Louis râler et dire à Thaïs de dégager et à Nola qu'elle est chiante. Je sais que je m'adresse à eux de la même manière, mais je réalise que ce n'est pas comme ça qu'ils se comporteront mieux à l'école. C'est normal qu'ils soient insolents puisque les exemples qu'ils ont ne sont pas les personnes les plus respectueuses qui soient – ma tante  mise à part.
 
« Madame ?, la voix fluette de Marie-Rose me ramène sur Terre et j'ouvre la porte.
– Appelle-moi, tattie, d'accord ? 
– D'accord, elle dit de sa petite voix avant de désigner son collant en laine. C'est tordu.
– Oh, oui. Attends. »
 
Je me baisse pour l'aider à remettre correctement son collant et j'en profite pour y coincer son sous-pull et remettre sa robe, puis son déguisement. Elle tend ensuite les mains au-dessus du lavabo et je l'aide à ouvrir l'eau. Je trouve étonnant qu'elle ait besoin de moi et je me demande si c'est parce qu'elle n'est pas débrouillarde, si c'est sa petite taille ou si c'est juste c'est enfants qui sont deux et qu'ils n'hésitent pas à grimper sur les meubles et se porter l'un et l'autre pour parvenir à leur fin, qui faisait la différence.
 
« Merci, tattie. », elle murmure avant de s'essuyer les mains sur la serviette près du lavabo.
 
Elle me tend la main et je la trouve tellement mignonne que je me penche pour la soulever et la porter jusqu'à la cuisine.
 
Quand on arrive dans la cuisine, ThaÏs  est debout sur le plan de travail et Nola escalade le buffet pour attraper la seule madeleine qu'il reste. C'est à ce moment précis que je réentends louis nous hurler – à Marie-Rose et moi – qu'on paierait toutes les misères qu'on lui a faites avec nos propres enfants. Evidemment, j'ai tellement fait chier ma mère dis Louis que je n'ai  eu un gamin comme moi, mais deux. En même temps.
 
« Mais vous rigolez ou quoi, là ? », je gronde.
 
Tout le monde se fige. Puis Nola mange la madeleine le temps que je dépose Marie-Rose sur une chaise et alors là, c'est le chaos total. Les jumeaux crient, sautent partout et frappent Lucie. Puis le pire-des-nia refait même surface.
 
« Louis !, je hurle en le voyant faire.
– L'enfoiré, comment ça fait mal !, dit Lucie, en me mettant encore plus hors de moi avec son insulte.
– Lucie PUTAIN !
– Annnh papa, gros mot ! », dit Nola.
 
Je crois que c'est la phrase de trop parce que je vais me mettre à pleurer de nerfs.
 
« Vous allez le payer quand vous aurez des gosses ! Je vous le jure. Thaïs, tu descends de là maintenant, je ne rigole même plus ! C'est une table, pas une aire de jeux. », je me fâche.
 
J'ai à peine eu le temps de réagir qu'il saute dans les airs, sur moi, et je le rattrape au vol.
 
« Mais t'es malade ou quoi ?, je tonne.
– Je vole !, il réplique.
– Ma main va voler sur tes fesses, tu vas voir ce que ça fait. »
 
Ça calme même Nola qui demande à Lucie de l'aider à descendre.
 
« Bon sang mais vous n'avez pas honte d'agir comme ça ? On dirait des échappés de l'asile !
– C'est quoi un lasile ?, m'interroge Nola.
– C'est là où ton père a failli finir quand vous êtes nés. »
 
Je sais qu'il ne fait pas vraiment référence à ce qu'il s'est passé cet été, je sais qu'il est juste en train de continuer la conversation pour leur expliquer qu'ils me rendent chèvre, maintenant, mais c'est trop tard, je suis blessée. Je vois dans ses yeux qu'il se rend compte de ce qu'il vient de dire et ça le calme instantanément. Je prends sur moi mais j'ai la gorge serrée. Je suis fatiguée et personne ne m'aide.
 
« Calmez-vous sinon Marie-Rose n'aura plus envie de venir. Vous vous comportez comme des singes, je soupire.
– C'est un peu la honte ?, demande Marie sans que je ne sache d'où il sort une expression comme celle-là.
– Un peu, oui, je soupire. Je ne veux plus que tu mordes les gens, Thaïs. C'est clair ? Personne, les enfants, les adultes, les animaux... Personne. Tenez-vous correctement sinon, vous ne goûterez pas, je menace.
– Nola elle a mangé la dernière madeleine, murmure Marie-Rose en allant s'asseoir, la mine boudeuse.
– Est-ce que tu vas en mourir ?, je demande, légèrement agacé qu'elle trouve encore quelque chose à répondre.
– Non.
– Alors on est sauvés. »
 
Je soupire avant de sortir tout ce que j'ai comme goûter des placards et je me tourne vers Marie-Rose qui est silencieuse et toute sage – et certainement brusquée par tous ces hurlements. Je me demande s'ils sont comme ça en classe, si je n'ai pas raté quelque chose dans leur 'éducation que je tente de leur inculquer.
 
« Ça va ? », je lui demande tout de même.
 
Elle hoche la tête avec un petit sourire, pas contrariante pour un sou. 
 
« Tu veux quelque chose ? »
 
Elle tend une main tremblotante vers un paquet de gâteaux que j'ai ouvert et elle se sert avant que les jumeaux ne se jettent dessus. Je leur sers à boire à tout le monde et je vais m'asseoir à mon tour.
 
« Lucie..., commence Louis.
– C'est bon. J'ai pas envie d'en discuter, mais n'insulte plus mes enfants, c'est clair ?
– Désolé d'avoir dit ça. À propos de l'asile, il tente tout de même.
– C'est bon, Lucie, je soupire. Je t'ai dit que je ne voulais pas en discuter. »
 
La fin du goûter se passe dans le plus grand des silences et l'ambiance est si étouffante que je suis mal à l'aise. Mais heureusement, ma sœur arrive.
 
Nola fond sur elle et il fait mine de la prendre dans ses bras, de l'embrasser, mais je sais qu'elle est en train de lui chuchoter ce qu'il s'est passé. Elle lui jette un regard noir et elle vient s'installer à côté de moi.
 
« Salut tata, dit timidement Nola.
– Pas la peine de me dire salut, hein. Je sais déjà tout ce que vous avez fait, bande de sales gosses, elle répond avec un petit sourire en coin.
– thaïs c'est un rapporteur, ronchonne Louis, mais Marie n'a pas envie de rire, il me semble.
– C'est à moi que tu parles, Marie ? C'est à moi que tu dis ça ? »
 
Le ton de ma sœur est ferme, aucun ne bronche. Je suis soulagé même si ça me fait mal de prendre conscience qu'entre ma sœur et moi, je suis celui qui a le moins d'autorité sur mes propres enfants.
 
« Je vous ai déjà expliqué que les adultes ne sont pas vos copains, c'est clair ?, elle gronde.
– Oui tata, Oui Maman ils répondent d'une même voix.
– Vous avez intérêt à vous excusez auprès de Lucie, papa et surtout de votre invi—oh mon Dieu, Marie-Rose. »
 
Je mets un coup de coude à Louis qui n'a visiblement pas su masquer sa surprise. Elle se tourne vers moi avec de grands yeux, l'air de dire “t'es taré ou quoi ?” mais je hausse les épaules.
 
« Bonjour, madame, murmure Nola.
– Bonjour mademoiselle. Tu peux m'appeler Tattie Marie, elle précise avec un grand sourire. Tu aime la nouvelle coupe de cheveux, de Marie-Rose ! Ça lui va  bien. ! »
 
Nola affiche un large sourire, toute fière.
 
« Merci beaucoup.
– C'est parce que Moi et Thais ont lui a mis de la colle dans les cheveux, rapporte Nola.
– Non, c'est toi !
– Non, c'est faux !
– Si, c'est vrai !
– Non, c'est faux ! »
 
 Je donne un coup sur la table et ils cessent immédiatement de se chamailler.
 
« Pardon tout le monde, reprend Thais.
– Oui, pardon tout le monde. On va être sages. », renchérit Nola.
 
J'ai entendu cette phrase tellement de fois qu'elle n'a plus de sens, mais au moins, on aura du répit pendant quelques heures.
 
« On retourne jouer! dis Thais?
– Ouais !! Allez viens Marie-Rose, on va te montrer notre cabane secrète ! »
 
Les jumeaux quittent de table à toute allure et ils foncent vers les escaliers comme des malades. Mais Marie-Rose reste là, assise les bras croisés.
 
« Qu'est-ce qu'il y a ma puce, ça ne va pas ?, je lui demande.
– Est-ce que je peux sortir de table moi aussi ? », elle demande timidement.
 
Je me prends une telle gifle que j'ai envie de pleurer. Comment est-ce qu'on peut-être aussi bien élevé ? COMMENT ?
 
« Bah... Marie-Rose?, fait Marie en pointant de nouveau le bout de son nez.
– Bien sûr que tu peux y aller. », je réponds avec un sourire qui se veut rassurant.
 
Marie-Rose descend de sa chaise et, sans trop courir, elle rejoint les jumeaux qui lui prend la main. Elles disparaissent toutes les trois et je me laisse tomber sur la table en enfouissant ma tête entre mes bras. Je sens la main compatissante de ma tante dans mon dos et ça me donne encore plus envie de pleurer.
 
« C'est bon. Vous pouvez y aller, je marmonne entre mes bras.
– Merci. », lâche Lucie avec enthousiasme.
 
J'entends ma tante lui jeter un paquet de gâteaux vide en lui murmurant un truc comme “pauvre con”.
 
« C'est bon, Lucie. Je vais survivre, je lui assure.
– Je sais. Mais tu peux me les confier quand tu veux, t'as juste à passer une porte, elle dit alors que je relève la tête.
– Je suis là depuis deux jours, Louis'. Deux jours. Tu crois vraiment qu'ils vont bien le prendre si je te les amène tout de suite alors que je ne les ai pas vus pendant des semaines ? Puis ils m'ont manqué. J'ai envie de les avoir tout le temps avec moi, j'avoue.
– Mais t'es fatigué à cause du décalage horaire et c'est pas comme s'ils étaient reposants, elle insiste.
– Ce sont des enfants. C'est normal qu'ils soient turbulents.
– Bah quand je vois la copine qu'ils ont ramenée bordel, moi je me poserais des questions. », dit Lucie.
 
Sans un mot, je me lève et je vais m'enfermer dans la salle de bain la plus proche pour ne pas me mettre à crier comme un cinglé. J'entends Louis l'insulter et prendre ma défense point par point, comme toujours. J'entends Lucie se servir de son manque de tact incontrôlable pour se couvrir, mais Marie conlcut qu'il est vraiment trop con. Deux fois en moins de dix minutes qu'elle l'insulte : j'ai l'air à bout à ce point-là ? En si peu de temps ? Quelqu'un vient frapper à la porte pendant que je me passe de l'eau sur le visage.
 
« Désolé, soupire Lucie. Sérieux, c'est juste parce que la petite est élevée par un Gendarme. Elle est là la différence. Mais je suis sûr que si on monte dans la chambre maintenant, elle est en train de courir partout comme une fofolle. »
 
J'ouvre la porte et je passe devant lui en l'ignorant complètement.
 
« Allez-y, ça se passe très bien quand ils jouent, alors c'est bon, j'assure à ma sœur qui me scrute en silence. Allez, vas-y, je te jure que ça va. »
 
Je n'ai même pas entendu Lucie revenir et à l'instant où je vais me répéter, l'interphone sonne. Je regarde l'heure et il est presque une demi-heure trop tôt.
 
« Merde, c'est le père de la petite  Chloé !, je panique, sans savoir pourquoi.
– Le flic ? Oh mon Dieu, cache la coke ! », lâche Lucie? en même temps Lucie pourquoi tu as quitté mon frère que tu sais bien que tu as des enfants avec lui et tu la quitté  pour sortir avec un Gendarme t'es Folle Vraiment Folle, Mes bon vous avez aussi une fille ensemble alors je vais rien dire avant de me faire Psy-canaliser 
 
Je plisse les yeux tout en le jugeant sévèrement.
 
« Tu vois, c'est à cause de phrases comme celles-ci que mes enfants risquent de m'être enlevé, espèce de stupide.
– Ils ne sont même pas là !, il se défend.
– Et c'est même pas le Gendarme, je dis en leur faisant signe de se taire le temps que je décroche l'interphone. Oui ?, je demande.
– C'est le papa de Chloé.
– Je vous ouvre ! »
 
J'appuie sur le bouton avant de raccrocher ; Lucie me fixe avec un sourire en coin que je n'aime que moyennement.
 
« il es bisexuelle , nan ?
– Ouais.
– Tu pourrais te le serrer celui-là ? J'veux dire physiquement. Il est comment ? Il t'attire ou quoi ? » Non
 
Je lui fais un bon gros doigt d'honneur avant que Lucie n'intervienne.
 
« Bon, on va y aller. Je ne suis pas sûre que me voir lui rappelle de bons souvenirs.
– Putain mais oui ! Il étais le pédés de l'école !, il s'exclame avec un faux ton dramatique. Mais tu pactises avec l'ennemi, Nicola ? Tes déviances sexuelles ne te réussissent pas, cher ami !
– Mais Lucie, putain ! Je ne suis pas déviant sexuellement !, je me défends.
– Dis ça au Seigneur. Il te voit là-haut. Tout ça c'est entre lui et toi, tu sais. Et si tu n'ouvre pas les portes du paradis aux gays c'est parce qu'ils ont trop ouverts leur propre porte avant, il ajoute avec un faux air angélique placardé sur le visage.
– J'suis pas gay. C'est arrivé une fois. Une fois. Et j'étais complètement..., je m'interromps en entendant frapper à la porte. Un mot Lucie, un mot de travers et je raconte à Ton Marie toutes tes déviances sexuelles, je menace.
– Quoi ? De quoi tu parles ? », elle demande, soudainement intéressée.
 
Mais j'ouvre la porte alors ils font comme s'ils étaient des personnes tout à fait normales.
 
« Entrez, je dis avec un sourire.
– Oh... Vous avez du monde ?, s'inquiète Louis. Je suis désolé, je suis un peu en avance mais je...
– On partait, coupe Marie. Pas de problème. »
 
Lucie me fait un clin d'œil dans le dos de Louis avant de mimer quelque chose avec sa langue qui lui vaut une tapette de la part de ma sœur.
 
« Espèce de débile mental !, elle dit avant de se tourner vers Louis, qui semble complètement dépassé par la situation. J'espère vous revoir ici plutôt que dans le bureau du Gendarme elle ajoute en tendant une main que Marie serre chaleureusement.
– Moi aussi, elle répond.
– A demain, Marie. Et si t'as besoin, n'appelle pas. », souffle Louis.
 
Je lève les yeux au ciel et Marie vient déposer un baiser sur ma joue avant de sortir définitivement, main dans la main avec son débile de mec. Le calme revient et j'essaie de reprendre mes esprits avant de sourire à Louis, un peu mal à l'aise de me retrouver seul avec lui.
 
« Ils sont encore en train de jouer, j'explique. On vient de finir de goûter, alors...
– Je suis venu un peu plus tôt, je sais. Je laisse rarement ma fille et comme ma femme passe la journée avec ta Sœur, je tournais en rond. C'est stupide, il bafouille, les yeux rivés sur un point derrière ma tête.
– Oh, non, non, ne vous inquiétez pas ! Pas de problème, je le rassure avec un sourire sincère. Vous voulez boire quelque chose ? Je n'ai pas d'alcool ici mais...
– Un verre d'eau m'ira très bien, il me coupe. Merci. »
 
J'acquiesce avant de l'inviter à s'asseoir et je vais lui chercher son verre d'eau. Je n'ai plus l'habitude de recevoir des gens autre que ma sœur et l'autre débile mental que je ne suis pas certain de savoir quoi lui dire.
 
« Voilà. »
 
Je pose son verre d'eau en face de lui et il me remercie pendant que je m'installe aussi.
 
« Tout se passe bien ?, il demande, sans être capable de masquer son inquiétude.
– Oui, ils s'amusent bien. Y a de l'espace. Vous voulez la récupérer peut-être ? Je peux leur dire de descendre ?
– Oh non, non. Enfin... Sauf si vous avez quelque chose à faire ou..., il n'achève pas sa phrase et il se mord la lèvre en rougissant presque. Je n'aurais pas dû venir si tôt, je suis désolé.
– Non. Ce n'est rien. Je comprends. Enfin... en me basant sur ce que j'ai vu de Lucie. Moi je n'ai pas peur de laisser mes enfants étant donné que je sais exactement comment ça va finir, je ris faussement.
– C'est difficile des jumeaux, non ? et toi une fille?
– Hum... oui. ?

C'est bien pour certaines choses, mais c'est très épuisant. Au début c'était compliqué pour leur donner à manger, puis ensuite quand ils ont commencé à marcher, quand ils ont su monter et descendre les marches, les bêtises, s'inventer un langage pour qu'on ne comprenne rien... Tout plein de trucs, en fait. Puis ça ne se calme pas en grandissant, au contraire.
– Oh... »
 
Il semble tellement désolé que je m'en veux d'avoir dit ça.
 
« Mais ils sont adorables, hein, je me rattrape. C'est juste qu'ils débordent d'énergie.
– Ce n'est pas trop dur avec... votre métier ? », il questionne.
 
La plupart des gens m'interroge sur ma vie de sorte à satisfaire une curiosité malsaine, mais je sens que c'est différent chez lui et ça me plaît beaucoup. mes je dois me faire a l'idée que je ne peux pas faire sa à ma famille?
 
« Ça aurait dû être plus simple, je reconnais. Mais ça ne l'est pas. Ma sœur m'aide beaucoup. »
 
Il hoche la tête et je crois qu'il comprend que je n'ai pas envie d'en parler parce qu'il ne poursuit pas la conversation.
 
« Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, il dit en se levant. Nous inviterons les jumeaux à notre tour.
– NON !, je m'écris malgré moi avant de me racler la gorge. Enfin, non. Ils sont vraiment... turbulents. Ne vous sentez pas obligé de faire ça.
– Je suis sûr que ça ira. », il sourit, confiant.
 
Mais je note dans un coin de ma tête de toujours décliner ses invitations. Toujours. Même dans un moment de faiblesse. Toujours, toujours, toujours. Je m'empare du Talkie walkie et j'appuie sur le bouton.
 
« Le papa de Chloé s'en vas, vous descendez ?, j'annonce.
– Oh noooooon !! On s'amusait trop bien !, râle Thaïs après quelques secondes.
– Maintenant, Ach'.
– Ok. », il soupire.
 
Le sourire amusé du père de Chloé ne m'échappe pas et je me permets de lui souffler un “mission accomplie”. Il hoche la tête et dans la minute qui suit, les enfants déboulent. Les jumeaux font clairement la tête et même si Nola boude un peu, son visage s'illumine quand elle voit le père de Chloé. Elle court vers lui et il la serre dans ses bras comme s'ils ne s'étaient pas vus depuis des mois.
 
« Alors ? tu vas bien ?, il demande avec entrain.
– Super chouette !, elle répond.
 
Il s'approche de Thaïs pour poser une main sur son épaule ; je trouve ça vraiment mignon.
 
« Tu peux le garder celui-là. C'est un cadeau. »
 
Thaïs regarde son père, son père me regarde, je regarde Thaïs et eil lève un pouce dans ma direction.
 
« Garde-le, j'insiste.
– Merci. », il dit timidement.
 
Louis récupère son manteau sur le canapé et il l'aide à l'enfiler par-dessus son nouveau déguisement.
 
« Merci pour tout, dit Louis avant de prendre sa fille dans ses bras. À lundi les enfants ! »
 
« Merci, il répète.
– C'était un vrai plaisir de l'avoir, je lui assure tout en allant ouvrir la porte.
– A une prochaine fois. », il dit en sortant.
 
Je referme la porte et mes deux monstres viennent se coller à moi. Je devrais leur dire qu'ils ne se sont pas bien tenus et que je ne suis pas content, mais je n'y parviens pas. Je me baisse pour leur faire un câlin énorme et ils m'assassinent à coup de bisous et de je t'aime.
 
Je suis tellement faible que je vais même leur chercher McDo pour dîner.

 

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